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Traversières Magazine N°139

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ÉDITORIAL

DOSSIER

Henri-Jacques De Croës (1723-1786) – Œuvres pour flûte (I)

PORTRAIT

Claudi Arimany, l’intégrale Doppler

PARTITION

Meditation von Bach de Franz Doppler

LUTHERIE

Bickford Brannen, un facteur de légende

PÉDAGOGIE

L’enseignement de la flûte baroque : entretien avec Jean Brégnac

KIOSQUE

OFFRES SPÉCIALES

PARTITION : FANTAISIE SUR BENYOVSZKY, OPÉRA DE FRANZ DOPPLER OP. 26 – ANTON PFEIFFER
DISQUE : THE COMPLETE FLUTE MUSIC VOLUME 8 FRANZ & CARL DOPPLER CAPRICCIO
DISQUE : CAPRICES VIENNOIS FRANZ DOPPLER CALLIOPE

Chers Adhérent(e)s,
La rentrée est à peine passée que nous semblons rentrer très vite dans la campagne électorale de la prochaine élection présidentielle. Je pose d’ores et déjà la question : quid de la Culture ? Probablement, les débats entre candidats politiques vont encore une fois y éviter toute référence, dans une sorte de continuité avec les élections précédentes.

Si la plupart des acteurs politiques n’ont pas grand-chose à dire en campagne sur la culture, c’est pour trois raisons. La première, est qu’il s’agit d’un domaine peu prioritaire pour la population – par opposition aux embouteillages, à l’urbanisme ou à la désertification commerciale des centres-villes – et qui correspond à une vision positive de la politique, souvent mise au crédit de l’élu sortant. On est très loin des années 1970-1980 lorsque la nouvelle classe moyenne urbaine exprimait sa frustration en revendiquant une politique culturelle.

La deuxième raison, est que les marges de manœuvre pour projeter d’autres actions culturelles sont extrêmement difficiles à envisager. Certes, il y a la possibilité de transférer la charge de la gestion de la culture de l’échelle municipale vers l’intercommunalité, voire la Région. Mais les métropoles culturelles sont aussi vaillantes en paroles qu’elles sont timides dans les actes. L’une des explications à cela est que le succès indéniable des équipements et événements culturels des villes va de pair avec un déficit croissant des organismes. C’est là une très vieille loi économique : contrairement à la théorie des économies d’échelle (plus c’est gros, moins ça coûte relativement), dans le spectacle vivant, plus l’activité croît, plus elle coûte cher, même quand, « victime de son succès », un même concert est répété deux fois. Or dans la plupart des collectivités, aujourd’hui, l’heure est davantage à l’épargne qu’à l’investissement dans des secteurs qui, plus que d’autres, dépendent des subventions publiques.

Enfin, la troisième raison se trouve dans l’impression partagée par beaucoup d’élus de toutes les collectivités (sauf sans doute ceux à la Culture) d’un certain achèvement de la promesse des politiques culturelles publiques : remplir le catalogue des équipements et labels dont la liste est grosso modo proposée par le ministère de la Culture depuis les années 1980. Ainsi, la culture ne serait plus l’objet de débat puisque finalement, le combat mené pour elle lui aurait enfin garanti une place légitime. Il conviendrait de passer à autre chose.

Un temps nouveau pour la culture ?

Soyons positifs, une évolution est peut-être à envisager : l’éventail des politiques culturelles s’est enrichi de nouvelles propositions souvent fondées sur une volonté de décloisonnement entre culture, territoire, éducation, environnement… et plus seulement entre culture, économie et social. C’est particulièrement vrai des projets culturels de territoire en milieu rural ou périurbain, qui n’ont généralement pas les moyens d’une spécialisation professionnelle ; cela peut aussi contenir des promesses de renouvellement autour des nouveaux usages et valeurs de l’art dans la société.

Les causes défendues sont à la fois sociales, urbanistiques, environnementales et culturelles. Quelle est leur place dans l’ordre des politiques culturelles publiques ? Marginale, souvent négociée au carrefour des enveloppes culturelles et économiques, sociales ou de quartiers. Entre ces nouvelles propositions culturelles et les grandes institutions de l’excellence artistique et labellisée, l’inégalité est criante et les échanges faibles. C’est précisément ici qu’un débat renouvelé sur les politiques culturelles doit avoir lieu. Doit-on maintenir un traitement inéquitable et séparé de l’excellence et de l’émergence ? Quelles passerelles inventer entre les deux ?

Dans un domaine aux contours aussi flous que la culture, l’action publique ne peut se satisfaire d’un périmètre ou d’un paradigme stable et unique. Elle doit en permanence réinventer ses frontières et les multiples sens que lui donnent, en démocratie, des citoyens en égale dignité…

Franck MASQUELIER – Président

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