Flûte et conscience corporelle : 3 astuces simples à mettre en place au quotidien

samedi 28 mai 2022 | En Pratique

Vous êtes flûtiste et vous avez le sentiment qu’une meilleure conscience corporelle serait bénéfique pour votre jeu ? Pour votre bien-être corporel ?
Dans cet article, je vous explique en quoi votre sentiment est pertinent et vous propose 3 astuces simples à mettre en place lors de votre travail instrumental. Applicables immédiatement, elles vous aideront à associer corps et flûte, mouvement et musique.

Mais avant toute chose, qu’entendons-nous exactement par conscience corporelle ?

Avoir conscience de son corps, c’est pouvoir se le représenter mentalement, le « ressentir de l’intérieur » : sa position dans l’espace, son tonus musculaire, la qualité des mouvements etc…

Chaque être humain a conscience de son corps mais l’acuité de celle-ci dépend de l’histoire et des activités quotidiennes de chacun·e.
Les musicien·ne·s auront par exemple une conscience extrêmement aiguisée des parties du corps directement nécessaires au geste musical, là où le reste du corps sera moins présent dans sa représentation mentale.

C’est ainsi que nous, flûtistes, sommes généralement très conscient·e·s de notre respiration et de ses mouvements, mais beaucoup moins de nos pieds, de notre nuque ou encore de nos omoplates.

Pourtant, améliorer notre conscience corporelle apporte trois avantages majeurs:

Premièrement, cela permet d’être maître·sse de sa posture.
Prenons l’exemple des pieds. Il suffit parfois d’un simple ajustement de notre ancrage au sol pour construire une posture plus dynamique, c’est à dire un buste plus actif, un dos engagé et donc des bras soulagés, des doigts moins crispés.
Mais comment faire cet ajustement si nous n’avons pas conscience de nos pieds ? Si nous ne sommes pas habitués à les ressentir pendant le jeu ?
Pouvoir ressentir, habiter tous les recoins de notre corps c’est être capable d’adapter et de faire évoluer sa posture de jeu selon les besoins.

Deuxièmement, une conscience corporelle aiguisée facilite l’apprentissage et la maîtrise de certaines techniques de jeu. Le vibrato, prouesse corporelle mêlant détente et contraction, en est un exemple criant : plus la conscience de certaines parties du corps (visage, cou, diaphragme, ceinture abdominale) sera aiguisée, plus il sera facile de les dissocier pour avoir accès à un vibrato naturel et sans tension inutile.

Enfin, cultiver la conscience de son corps c’est apprendre à le respecter.
Les flûtistes à l’écoute de leurs corps reconnaitront plus facilement les signes de fatigue et agiront rapidement, empêchant ainsi l’apparition de mécanismes compensatoires et de tensions musculaires.
C’est donc une mesure indispensable dans la prévention des risques de douleurs et blessures liées au jeu instrumental.

Ces arguments vous ont convaincu·e ? Passons à la partie concrète !

1. Intégrer le corps aux nombreux paramètres de jeu

Lorsque nous jouons, notre attention « saute » de paramètre en paramètre. Il y a les paramètres musicaux (nuances, mis en place avec l’accompagnement, rythme…) et les paramètres corporels : une inspiration particulièrement profonde avant une longue phrase, l’ajustement des lèvres pour un son filé ou encore le mouvement de notre annulaire gauche au passage d’un ré à un mi.

Développer sa conscience corporelle pendant le jeu, c’est donner plus d’importance aux paramètres corporels, sans pour autant délaisser les musicaux, bien entendu ! C’est envoyer notre attention de manière consciente vers les parties du corps que nous avons délaissées jusqu’à présent, comme les pieds ou le visage.

Quelques idées pour vous y aider :

  • écrire sur la partition
  • créer un nouvelle habitude comme par exemple « je détends mon visage, ma nuque
    et mes épaules à chaque point d’orgue »
  • fixer une partie du corps comme fil rouge d’une session de travail « aujourd’hui, je me
    concentre sur mes pieds le plus souvent possible ».

2. Créer un environnement de travail qui favorise le mouvement

Vous l’avez déjà sûrement remarqué : l’aménagement, l’ambiance d’une pièce ou encore le matériel à disposition influencent directement la qualité de notre travail.

Faire de son environnement de travail un endroit qui favorise le mouvement, c’est donc mettre toutes les chances de son côté pour cultiver sa conscience corporelle. Voici quelques propositions (liste non-exhaustive !) pour faire de votre espace de jeu un endroit de découverte et de soin du corps.

Où que vous soyez et avant même de sortir la flûte de son étui : trouvez un support propre et stable pour la déposer lors de vos pauses. Ainsi, les mains libres et l’esprit tranquille, vous permettez à votre corps de s’étirer naturellement, d’aller intuitivement dans les postures compensatoires dont il a besoin.
Cette astuce simple est d’autant plus importante si vous n’êtes pas dans votre environnement de jeu habituel, comme lors de répétitions d’orchestre par exemple.

Si vous avez la chance d’avoir votre « coin flûte », voire même votre salle de musique, laissez-y un tapis de yoga déroulé en permanence. Véritable invitation au mouvement, il vous permettra de laisser bouger votre corps dans toutes les positions ou simplement de vous relaxer en position allongée à la fin de vos sessions de travail.
C’est aussi l’occasion de jouer plus souvent pieds nus et donc de mieux ressentir l’ancrage au sol.
Vous ne jouez jamais au même endroit ? Il existe des tapis de yoga de voyage très fins qui, une fois pliés, sont à peine plus épais qu’un recueil d’études !

Enfin, pour terminer sur l’aspect matériel : n’hésitez pas à vous procurer une balle de massage et à la laisser bien en vue afin de vous en servir régulièrement.
Se masser le dos contre un mur en fin de séance est par exemple un excellent moyen de prendre conscience des tensions dues au jeu et de commencer à les dénouer.

3. Pratiquer des postures spécifiques pour éliminer les tensions
Vous avez créé un environnement de travail favorable au mouvement mais vous ressentez le besoin d’aller plus loin ? De pratiquer des postures qui compensent le travail unilatéral du corps pendant le jeu ?

Le yoga est un outil formidable, non seulement pour développer sa conscience corporelle mais aussi pour détendre et étirer le corps de manière ciblée, selon nos besoins de flûtiste. Pour cela, nul besoin de pratiquer un yoga spectaculaire, une sélection de postures simple et accessibles à tou·te·s suffit amplement(1).

Nous privilégierons ainsi les postures de torsion de la colonne vertébrale telle la posture du sage Maricy (http://www.yogastudiolille.fr/wp-content/uploads/2019/06/Fiche- Maricyasana-3-1.pdf), les postures qui ouvrent la cage thoracique comme le chien tête en haut (http://www.yogastudiolille.fr/wp-content/uploads/2019/06/Fiche-Urdvha- Mukha-Svanasana.pdf), et celles qui soulagent le dos comme la posture de l’enfant (https://www.yogajournalfrance.fr/posture-de-lenfant/).

Les flûtistes qui jouent régulièrement en position assise veilleront à pratiquer des postures qui ouvrent les hanches et étirent l’arrière des jambes comme cet échauffement doux pour une posture dynamique (https://fr.ipaia.eu/demi-pince-debout/).

Je vous propose ici une variation régénératrice de la torsion allongée, qui permet de compenser la « vrille du flûtiste » tout en douceur.

Pour ce faire, il faudra rester plus longuement dans la version vers la gauche (celle décrite ci-dessous) que dans la version vers la droite.
Je vous conseille de lire l’intégralité des indications avant d’entrer dans la posture pour la première fois.

Vous aurez besoin d’un support (bolster, coussin, couverture roulée..), choisissez-le en fonction de la mobilité de votre bassin : plus le support sera fin et bas, plus l’étirement sera intense.

Enfin, écoutez votre corps ! Une sensation d’étirement est normale et souhaitée, mais vous ne devez pas ressentir de douleur dans cette posture.

  1. Allongez-vous sur votre tapis et placez le support à côté de votre jambe gauche.
  2. Tendez les bras à hauteur des épaules, paumes des mains vers le sol.
  3. Inspirez, levez votre jambe droite en formant un angle droit entre la cuisse et le tibia : le genou se trouve au dessus du bassin.
  4. Expirez, déposez votre tibia et votre pied droits sur le bolster et tournez votre tête vers la droite. Votre épaule droite reste en contact avec le tapis – si ce n’est pas le cas, choisissez un support plus haut.
  5. Respirez normalement, détendez-vous et restez dans cette posture aussi longtemps que cela vous est agréable.
  6. Inspirez, ramenez le regard vers le ciel et la jambe droite près de la jambe gauche.
  7. Placez le bolster à côté de la jambe droite et pratiquez la posture avec la jambe gauche cette fois-ci, sans y rester aussi longtemps.

Si cette thématique vous intéresse, n’hésitez pas à aller faire un tour sur mon blog d’Ipaia et à vous procurer mon Ebook de Yoga pour flûtistes !

(1)Attention toutefois à être à l’écoute de votre corps ! Si vous n’avez jamais fait de yoga, je recommande fortement de suivre quelques cours dans un studio afin de bien comprendre les alignements ainsi que les aspects les plus importants pour une pratique en toute sécurité.

Article proposé par Fanny MAS

Fanny Mas est flûtiste, accordéoniste et professeure de yoga. Passionnée par le bien-être des musicien·ne·s, quel que soit leur niveau, elle a crée la plateforme www.fr.ipaia.eu en 2020. A travers l’animation d’ateliers, l’écriture d’ouvrages spécifiques à chaque instrument et la rédaction d’articles sur différents médias, elle souhaite ainsi donner aux musicien·ne·s des outils simples et concrets pour un jeu instrumental plus fluide et mieux ancré dans le corps.

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