Le quintette ArteCombo en concert salle Cortot

samedi 27 avril 2019 | Rétrospectives

Pour clore une semaine riche en évènements musicaux le quintette ArteCombo nous a offert un formidable concert le 12 avril dernier à la salle Cortot de l’ENMP. Une effervescence particulière précédait le public venu nombreux pour la circonstance, la sortie du nouvel album de l’ensemble.

De g à d : Cyril Normand, Mayu Sato-Brémaud, Baptiste Gibier, Frank Sibold, Romy Bischoff
De g à d : Cyril Normand, Mayu Sato-Brémaud,
Baptiste Gibier, Frank Sibold, Romy Bischoff

Le programme l’annonçait clairement : « 3 » représenté par une main comptant jusqu’à trois, les doigts bien levés. Que se cachait-il derrière ce signe ? Un 3ème album ? Un trio ? Ou peut-être un triptyque ? Il faut tout d’abord remarquer que ce CD a été financé par une collecte numérique à laquelle ont participé plus de 100 contributeurs, tous remerciés nommément sur le site artecombo.com ce qui dénote déjà d’un public potentiel d’inconditionnels qui soutient le quintette, ce qui explique également l’impatience palpable à l’entrée de la salle de concert.

D’emblée l’ensemble nous met dans la confidence : le programme de ce troisième CD résulte d’une démarche qui permet au quintette d’aborder le répertoire sous un jour nouveau : toutes les œuvres présentées ici ont en commun le chiffre 3. Onze pièces soigneusement triées pour leur rythmique ternaire (valses, menuets, scherzos) et leur caractère tantôt romantique, tantôt espiègle, à l’image de leurs interprètes virtuoses et néanmoins désinvoltes avec les usages ! Un programme très festif comme le fut le concert placé sous le signe de la bonne humeur. Le groupe nous a expliqué la genèse de ses choix à chaque morceau nous faisant partager ce parcours. De plus le public a eu la primeur de deux pièces inédites : une version irrésistible d’ « Un américain à Paris » de G. Gershwin transcrite par Frank SIBOLD et une de ses compositions, des variations sur le thème pop de « Stairway to Heaven ». Délicieux !

Décidément ArteCombo cultive fièrement sa différence et le public aime ça ! De son nom, mélange de deux cultures, à ses choix musicaux toujours à l’orée des sentiers battus (comme la création du conte musical pour enfants « Caravane Gazelle » ou une reprise endiablée du générique des « Simpson ») le quintette affirme sa personnalité singulière.
Mais aucune des œuvres mises à l’honneur ne souffre de la moindre médiocrité et c’est surtout ça qui explique le grand engouement du public qui leur a réservé une ovation tonitruante récompensée par deux rappels.

Une quasi « ola » salle Cortot pour saluer les artistes !
Une quasi « ola » salle Cortot pour saluer les artistes !

L’un des clous du spectacle fut cette version délicieuse de la célébrissime « Danse macabre » de Camille Saint-Saëns qui montre à quel point cette formation domine son sujet de main de maitre sans jamais se prendre au sérieux. Une élégance qui sied précisément à la forme particulière du quintette à vent. Nous avons eu à faire en l’occurrence à cinq solistes extrêmement virtuoses qui ont su insuffler une énergie communicative à une salle comble de plaisir. La richesse des timbres, la tessiture des voies mais aussi l’enveloppe cuivrée du cor qui soutient l’ensemble font du quintette à vent la forme la plus aboutie de la musique de chambre faisant oublier l’absence de cordes tout en restituant une texture orchestrale riche et profonde. Son énergie entrainante pallie largement l’absence des percussions.
Une autre facette et non des moindres d’ArteCombo est la convivialité que le quintette entretient avec le public, tant pendant le concert qu’après, par la disponibilité de ses membres et leur simplicité d’approche. Pour la circonstance de la sortie du « 3 », ce sont donc des dizaines et dizaines de personnes (la salle avait fait le plein ce soir-là) qui ont pu partager un moment privilégié avec les artistes autour de quelques verres et bouchées soigneusement préparés à leur intention.

À noter qu’outre le CD, ArteCombo mettait également en vente l’édition des transcriptions de son répertoire réalisées par Frank SIBOLD et publiées à compte d’auteur. Ces transcriptions (quatre pour le concert et une vingtaine d’autres en attente) seront bientôt disponibles sur leur site à raison de deux par mois environ. C’est grâce à ces précieuses transcriptions que le quintette a été invité à se produire à l’international, notamment au Japon où l’on est désormais très friand de sa brillante palette musicale. La Traversière s’honorerait de se faire l’écho de ces ouvrages en les proposant en offres spéciales dans un prochain numéro.

En résumé, cette soirée de lancement a connu une parfaite réussite. Le groupe a une fois de plus marqué les esprits de son très grand talent et nul doute que ce concert fera date dans l’histoire de la salle Cortot.

Nouveau disque ArteCombo : TROIS

Felix Mendelssohn : «Scherzo», Le songe d’une nuit d’été – Piotr Ilitch Tchaïkovski : «Valse sentimentale» – Camille Saint-Saëns : «Danse macabre» – Erik Satie: «Je te veux» – Manuel de Falla : «Danse espagnole n°1», La vie brève – Anton Dvorak : «Allegretto grazioso» de la Symphonie n°8 – Frédéric Chopin : «Grande valse brillante» n°2 – Georges Bizet / Serge Rachmninoff: «Menuet» de L’Arlésienne – Enrique Granados : «Capricho español» – Claude Debussy : «Valse romantique» – Johannes Brahms : «Menuet 1 et 2», Sérénade n°1

«Trois» pourrait être un clin d’oeil à notre troisième disque. Mais c’est surtout pour nous l’occasion de vous faire découvrir des pièces du grand répertoire sous un jour nouveau. En effet, ces onze pièces enregistrées à l’auditorium du Conservatoire de Chatou sont des bijoux de musicalité et elles ont toutes un point commun : le chiffre 3.
Trois comme musique à trois temps et musique ternaire. Vous trouverez des valses romantiques, lentes ou endiablées, des menuets élégants et racés, des scherzos venus du pays des rêves et des danses chaleureuses comme le soleil ibérique. Composées pour le piano ou l’orchestre, ces pièces ont été transcrites par nos soins pour en révéler leurs richesses rythmiques et harmoniques, sans dénaturer la version originale. Les transcriptions (ou arrangements) étaient très en vogue au 18e et 19e siècle pour faire découvrir une oeuvre en l’adaptant à une formation pour laquelle elle n’était pas écrite initialement : ainsi des symphonies pour grand orchestre étaient réduites pour piano à quatre mains, des opéras étaient transcris pour quelques musiciens…les possibilités de formation étaient alors nombreuses… Dans cette même idée de curiosité et de découverte, les transcriptions sont au coeur de notre démarche artistique. Nous réalisons des arrangements depuis la création de notre ensemble afin d’apporter un peu de fantaisie à nos concerts et surtout d’élargir le répertoire du quintette à vent. Nous espérons que ce disque inédit vous charmera, et peut-être, éveillera-t-il votre curiosité d’écouter ou de redécouvrir ces chefs d’oeuvres dans leurs versions originales.

Article proposé par Claude ABRAHAM

Claude Abraham, travailleur artistique de longue date : technicien de l’audiovisuel et du spectacle, acteur de complément, rédacteur pour traversières magazine et depuis quelques années flûtiste dans plusieurs formations orchestrales (musique de chambre, harmonies et ensembles de flûtes, membre de l’OFF de 2012 à 2016)

Photo: © Cécile Tournoux

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