Le feuilleton du fifre – Entretien avec Sylvain Roux
Deux ans déjà que Sylvain sillonne la France pour nous faire découvrir l’histoire et les pratiques du fifre ! Pour ce dernier article de ce magnifique voyage et pour boucler la boucle, c’est au tour de Sylvain Roux de répondre aux questions de Jean-Michel Lhubac. Nous profitons de ce dernier article pour remercier chaleureusement Sylvain pour sa contribution à l’association et pour tous ses articles enrichissants !
1/ J’ai des souvenirs très forts de l’époque de ton groupe La Rafale, qui préfigurait déjà de ton inventivité, peux-tu en dire deux mots, comment ça s’est créé, le recrutement des musiciens, la démarche, ce que vous avez produit ?
La Rafale, initialement intitulée La Rafale ethnologique, a été créée par Christian Vieussens(1), au tout début des années 1980 ; au départ, c’est une formation qui mélangeait saxophones, vielle à roue, cornemuse, accordéon, percussions… J’y suis entré, en 1985, suite à une modification importante de la composition du groupe. Christian Vieussens s’est alors recentré sur la pratique du fifre, en s’appuyant sur ses recherches menées en sud-Gironde et a demandé au facteur, et musicien, Alain Cadeillan(2), dit Kachtoun, de mettre au point un fifre, en prenant, notamment, comme modèle, les fifres anciens retrouvés dans cette région. Dans ce collectif, on trouvait des musiciens provenant de divers horizons musicaux: Michel Le Meur, Michel Macias, Alain Cadeillan, Jacky Gratecap, Michel Dedieu, Philippe Langel, Hubert Turjman, Philippe Bayle, Charly Berna, Jean-Pierre Bertin… ; on faisait essentiellement de la musique de rues et des bals. La particularité de nos bals, c’était le contenu, on passait d’un rondeau à un paso-doble, d’une valse musette à une biguine, c’était très varié au niveau du répertoire et les instruments traditionnels (fifre, vielle, cornemuse) étaient accompagnés par l’accordéon chromatique, ou diatonique, la guitare et la basse électriques, la batterie et les percussions, on pouvait être une dizaine sur scène! Côté production, on a enregistré, en 1989, « Charivari », une cassette sur les musiques et danses traditionnelles du Périgord, suite à une commande du Comité Périgord de la langue occitane. J’ai quitté La Rafale en 1990 et, plus tard, suite à d’autres départs de musiciens, Christian Vieussens a revu sa copie et a créé sa propre compagnie avec de nouveaux partenaires de jeu.
2/ D’où vient ton goût vers les territoires inexplorés du fifre (et de ta musique en général) ? Meeting in Extremis, par exemple ?
Je pense que cette curiosité me vient de ma formation éclectique ; tout gamin, dans les années 1960, j’ai grandi dans un milieu musical, j’ai commencé à chanter à la chorale paroissiale avec mes frères et sœurs, on était sept ! Mes deux frères faisant de la trompette, ils ont essayé de me l’apprendre, en vain. Je me suis épuisé à souffler dans le vieux cornet à pistons de mon grand-oncle, je n’ai pas persévéré… Ensuite, il y a eu la flûte à bec, au collège, je dois faire partie des rares collégiens, en France, qui ont apprécié cet instrument, j’en ai fait pendant des années, j’ai joué de la musique médiévale, Renaissance et baroque. J’ai fait aussi un passage à la fanfare du Trèfle Gardonnais pour apprendre à jouer de la caisse claire, le rythme m’attirait beaucoup depuis tout petit.
Puis, en 1980, il y a eu la flûte traversière, au Conservatoire de Bergerac, l’orchestre d’harmonie de cette même ville, l’apprentissage de la chabrette et la découverte des musiques traditionnelles du Périgord avec, notamment, Thierry Boisvert.
En 1981, j’ai fait mon service national, en tant que flûtiste, dans la Musique Divisionnaire du 602ème RCR, à Dijon ; c’est là que j’ai appris à jouer du piccolo, et du piccolo au fifre, il n’y a qu’un pas que j’ai franchi allègrement !
En 1990, lorsque j’ai commencé à jouer avec la Compagnie Bernard Lubat, à Uzeste, j’ai entamé un travail fondamental autour de l’improvisation qui a bouleversé mon rapport à la musique ; sans conteste, cette démarche a profondément ouvert et enrichi mon propos musical, ça m’a permis aussi de préciser et affiner ma démarche artistique.
Tu évoques Meeting in Extremis, ce n’est donc pas un hasard, si j’ai rencontré, en 2005, la joueuse de koto, Mieko Miyazaki, au Festival d’Uzeste(3) ; quelque temps après, nous avons créé ce duo qui a débuté ce long travail que je poursuis, encore aujourd’hui, avec le trio Tokyo sur Dordogne, en compagnie de Fumie Hihara (koto, chant) et Masako Ishimura (flûtes), et qui consiste en une rencontre inattendue et originale entre le Japon et l’Occitanie.
Je préciserais aussi que tout le travail que j’ai fait, pendant quelques années, dans la pratique de la danse contact-improvisation, avec Gilles Estran, et également avec le collectif Les Imprévisibles (Chris Martineau, Julie Läderach, Julie Oosthoek…), à Bordeaux, sur la relation mouvement-son, m’a permis d’élargir ma perception de la musique et d’approfondir le lien fondamental entre le corps et l’instrument.
Je n’oublie pas non plus les dix ans de théâtre burlesque musical, avec mon compère tambour, Jérôme Martin, qui m’ont amené vers le travail très intéressant et riche du clown, ou comment faire rire quand on est un joueur de fifre très sérieux ?!!!
3/ Quel est ton positionnement par rapport au fifre en tant qu’instrument ? Est-ce un instrument à part entière, au même titre que la vielle ou la traversière ? Que cherches-tu à montrer/prouver au public?
Effectivement, je considère le fifre comme un instrument de musique à part entière, c’est-à-dire un producteur de sons avant tout que je peux utiliser dans divers contextes musicaux. Bien évidemment, il est chargé de son histoire de musique militaire et traditionnelle mais, personnellement, je m’en suis affranchi et je peux jouer, sans réticence, et surtout avec beaucoup de plaisir, une marche napoléonienne, un rondeau, ou une pièce de musique contemporaine improvisée. Le fifre, et c’est valable pour tout instrument, est un moyen de se promener dans le monde des sons, on n’est pas obligé de rester dans le domaine pour lequel il était inscrit au départ de son histoire ; j’aime bien repousser les limites de ce petit instrument rudimentaire et, par la même occasion, m’obliger à travailler et approfondir ma technique pour élargir mon champ d’investigation.
4/ Quelles pistes donnerais-tu à quelqu’un qui se lance dans le fifre? (répertoire, démarche…), de quelles expériences personnelles le ferais-tu profiter ?
A mon avis, lorsqu’on débute le fifre, c’est bien de connaître l’histoire de cet instrument (mais c’est valable pour tout apprentissage d’un instrument, me semble-t-il…), et surtout de savoir si cet instrument avait un rôle dans la région dans laquelle on se trouve, ceci peut avoir une incidence sur le choix du répertoire que l’on souhaite aborder.
Personnellement, depuis 2008, j’enseigne, entre autre, le fifre, au Conservatoire de Périgueux, d’une manière « classique », à savoir gammes, arpèges, exercices techniques ; j’ai même composé une Etude en ré majeur pour fifre seul, à l’instar des Etudes pour flûte, ou hautbois, afin de faire travailler différemment l’instrument. J’encourage l’élève à être aussi à l’aise dans l’oralité, que dans la lecture, et je propose toujours le volet improvisation car il me semble important de savoir improviser dans un mode, ou très librement. Je pense aussi qu’il est utile d’informer l’élève sur les fifres qui existent, les diverses tonalités, les différentes factures, que ce soit, par exemple, celle d’Alain Cadeillan, ou de Pierre-Olivier Ginestière(4), montrer que nous avons plusieurs possibilités de s’exprimer, des couleurs différentes etc. Je rajouterais qu’il ne faut pas avoir peur d’extrapoler ; par exemple, la rencontre très intéressante, il y a quelques années, à Sauve, dans le Gard, avec le facteur de flûtes bansuri, Khaïm Seligmann, m’a permis de « détourner » l’usage d’une grande flûte en sol, mesurant près d’un mètre, et que je considère, pour ma pratique, comme un fifre basse !
5/ Quid de la place du fifre à l’Ecole Britten et à L’insoliste?
L’Ecole Britten a été créée, en 1990, par la Ville de Périgueux et a été dirigée, au tout début, par le chef d’orchestre Alain Lombard ; c’était un Institut Supérieur de Musique qui proposait essentiellement des stages et autres classes de maître en musique classique dirigées, notamment, par de grands musiciens/professeurs comme Jérôme Pernoo, Pierre-Henri Xuereb, Fabrice Pierre, Olivier Chassain…Lorsque Jean-Jacques Rouveroux en a pris la direction, en 1993, il a souhaité élargir les propositions de l’Ecole Britten et m’a confié une carte blanche autour de l’improvisation qui a duré…quinze ans ! Les deux premières années, dans les stages qui mêlaient musiques traditionnelles et musiques improvisées, j’animais un atelier de fifre, mais j’ai abandonné car la coordination artistique me demandait une présence et un engagement sans faille.
A chaque stage, nous invitions plusieurs intervenants et, devant le succès de ces projets, la liste des stagiaires n’a pas cessé de s’allonger, pouvant aller jusqu’à plus de cinquante inscrits, ce qui alourdissait de plus en plus l’organisation générale.
Toutefois, le fifre pouvait être présent par certains rares fifraires qui venaient travailler l’improvisation avec les différents intervenants que nous recevions, parmi eux : Joëlle Léandre, Sylvain Kassap, Jean-François Vrod, Christine Wodrascka, Alain Bruel, György Kurtag Jr, Xavier Vidal, Jean-Marc Padovani…, la liste est très longue ! Personnellement, je participais toujours, avec mon fifre, au concert final donné, au Théâtre du Palace, par les stagiaires et les intervenants. Pour information, l’Ecole Britten, sous cette forme, a été fermée, en 2009, par la Ville de Périgueux…
Concernant L’insoliste(5), c’est un lieu que j’ai créé en 2006, chez moi, en Dordogne ; j’avais besoin d’un endroit pour réfléchir, un laboratoire pour inventer, pour expérimenter des concepts autour de l’improvisation pluridisciplinaire ; bien sûr, les musiques traditionnelles, et mon fifre, n’étaient jamais loin… Nous avons organisé beaucoup d’ateliers, de stages et de concerts liés à cette large thématique ; nous avons eu le plaisir d’accueillir des musiciens de renom qui sont venus jouer et transmettre leur point de vue sur la musique : Bernard Lubat, François Rossé, François Corneloup, Etienne Rolin, David Chiesa, Maguelone Vidal, Jean-Luc Cappozzo, Michel Macias, Pascal Lefeuvre, Fabrice Vieira, Patrick Vaillant…, là aussi, la liste est longue !
A une époque, j’ai aussi animé un atelier hebdomadaire de fifre, à L’insoliste, mais ça a duré une petite année, car j’avais trop de projets en cours, notamment, la direction artistique d’«Occitania mon amour ! », un festival que j’avais créé autour de la culture occitane.
En 2020, L’insoliste a tourné une page, nous n’organisons plus de stages et de concerts, si ce n’est le concert solidaire co-organisé, depuis des années, avec ma sœur, Roselyne Roux, pour son association France-Parrainages, afin de récolter des fonds pour l’éducation de jeunes filles en Inde, le dernier concert de ce type est prévu le 14 mars 2021. L’insoliste a donc ouvert, le 1er août dernier, des chambres d’hôtes afin de développer un concept de tourisme culturel rural et des résidences d’artistes, projet que je vais réaliser avec ma compagne, Fouzia Khellaf. Toutefois, L’insoliste reste le lieu de résidence permanent de ma compagnie, la Compagnie Au pas du bœuf, que j’ai créée en 2004.
6/ Comment vois-tu l’évolution future de la pratique du fifre? As-tu des échanges avec d’autres fifraires du monde ? (Mississippi, Brésil, Japon, pays d’ Europe etc)
Que penserais-tu d’un réseau international?
« Le feuilleton du fifre » m’a permis de questionner des fifraires qui enseignent le fifre, soit en association, soit en institution, et le constat est réservé ; visiblement, quelle que soit la région où ils enseignent, ils admettent qu’il ne faut pas négliger les efforts pour trouver de la relève. Personnellement, au Conservatoire de Périgueux, je n’ai jamais été dépassé par la demande, c’est le moins que l’on puisse dire, c’est vrai aussi que le fifre n’est pas vraiment un instrument emblématique en Périgord ce qui n’encourage pas les enfants à l’apprendre. A une époque, j’avais monté un projet avec la classe de flûte du Conservatoire, et ainsi, j’ai pu « détourner », momentanément, quelques flûtistes vers le fifre ! J’ai actuellement deux élèves, que je vais accompagner encore cette année, car je prends ma retraite en 2021…
Par rapport aux fifraires du monde, j’ai rencontré, lors du Festival des Fifres de Garonne, à Saint-Pierre d’Aurillac, le brésilien Carlos Malta, joueur de pifano, on a pu discuter et jouer ensemble. J’ai rencontré aussi un autre joueur de pifano, le brésilien Carlos Valverde. Pour le « feuilleton du fifre », j’avais interviewé la flûtiste Sarah van Cornewal(6), qui s’occupe des Fifres et Tambours de Genève, elle pratique l’improvisation en musique ancienne, c’est un sujet qui m’intéresse, j’espère qu’un jour, on pourra se rencontrer pour dialoguer musicalement.
Dans mon trio Tokyo sur Dordogne, la flûtiste, Masako Ishimura, joue, entre autre, du shinobué et du nôkan, que l’on pourrait considérer comme des fifres japonais.
J’écoute des musiques sur Internet, c’est vrai que le monde des flûtes est d’une grande richesse, il y a beaucoup de choses passionnantes, alors oui, pourquoi pas la création d’un réseau international mais… je ne souhaite pas en être le PDG !!!
7/ Quelles sont les grandes familles de pratique que tu recenses? Quels sont les souvenirs qui t’ont le plus marqué dans ta pratique?
Ce « feuilleton du fifre » m’a permis de faire une photographie des pratiques actuelles du fifre ; on pourrait dire qu’il y a trois tendances principales qui se dessinent: les groupes qui font de la reconstitution historique, avec costume et marche au pas cadencé, ceux qui sont plutôt dans un esprit traditionnel (passe-rue et bal) et les autres plutôt tournés vers le métissage ou la création…
Par rapport aux souvenirs marquants, le problème, quand on a des cheveux blancs, c’est que l’on en a beaucoup, alors je vais en sélectionner trois qui peuvent illustrer les différentes facettes de ma pratique fifristique.
La première fois que j’ai été invité, par Hubert Guicheney(7) et la Ripataoulère de Gans, à la fête des Boeufs-gras, à Bazas, je me suis retrouvé, à l’abattoir, à commencer à jouer seul « la mort du bœuf » avant d’être accompagné par la Ripataoulère; au moment où le bœuf tombe sous le coup du merlin, la porte s’ouvre devant vous et il est aussitôt dépecé, sous vos yeux, par les bouchers, très contents de montrer leur dextérité au public présent et là, il faut trouver l’énergie de jouer devant ce tableau sanglant, je dois avouer qu’au bout de quatre ou cinq bœufs, je devais avoir la couleur du carrelage de l’abattoir, blanc !!!
Le deuxième souvenir concerne un spectacle de la Compagnie Lubat qui se passait, la nuit, autour du lac de Bourideys, lors du Festival d’Uzeste. Je devais commencer seul le spectacle en jouant du fifre, en sortant de la forêt, et me diriger vers un ponton qui se trouvait sur le bord du lac ; là, arrivé au bout du ponton, je jouais solennellement, le son se réverbérait à la surface de l’eau, la forêt renvoyait le son, c’était magnifique et… c’est à ce moment-là que Patrick Auzier, pyrotechnicien de la Cie Lubat, a embrasé le ponton ! Bien que prévenu lors du repérage du spectacle, je peux vous dire que je suis parti beaucoup plus vite que je ne suis arrivé !!
Le troisième souvenir évoque un voyage à New-York ; il se trouve que j’avais rencontré musicalement, lors d’une édition du Festival d’Uzeste, Benjamin Lévy, musicien-informaticien qui travaillait à l’Ircam ; cette noble et illustre institution musicale, créée en 1970, par Pierre Boulez, était en train d’organiser un projet, à New-York, autour des nouvelles technologies et l’improvisation, je fus donc convié à participer à deux concerts expérimentaux avec des informaticiens, des compositeurs et des improvisateurs de haut vol. Ces concerts donnés à Columbia University, à Harlem, à deux pas du fameux Cotton Club, m’a permis de mesurer le chemin parcouru, avec émotion et humilité, entre les premiers passe-rues de mes débuts et la participation à ces concerts où le son de mon fifre venait se promener dans les méandres mystérieux de la haute technologie contemporaine…
8/ Quels sont les fifraires qui t’ont inspiré et ont jalonné ton parcours ?
Avant d’être fifraire, je suis d’abord flûtiste et j’ai donc souvent admiré le son brillant et chaleureux de Jean-Pierre Rampal ; ensuite, j’ai pratiqué la musique irlandaise et la référence, à l’époque, pour moi, et pour beaucoup de flûtistes, c’était le grand Matt Molloy ! Comme je l’ai dit plus haut, j’ai appris à jouer du piccolo à l’armée, le son de cet instrument m’a beaucoup plu et je n’ai donc eu aucun mal à me mettre au fifre; au début, j’ai travaillé tout seul mais, rapidement, j’ai rencontré Christian Vieussens qui m’a appris beaucoup de choses et qui m’a intégré dans son groupe La Rafale, ce qui m’a permis de pratiquer intensivement l’instrument aux côtés de musiciens chevronnés.
De 1997 à 1999, j’ai partagé le pupitre de fifre, avec Jean-Pierre Bertin, alias Pinos, au sein de l’Occidentale de Fanfare, créée par Francis Mounier, ça reste une belle aventure dans ma tête… Bien évidemment, je n’oublie pas tous les fifraires, pas forcément connus, que j’ai croisés au hasard de festivals, ou de rencontres, avec lesquels j’ai pu jouer, et qui ont marqué indéniablement mon histoire personnelle.
Je rajouterais que si je joue de cette façon du fifre, c’est parce que j’ai eu aussi le grand plaisir, et je peux dire l’honneur, pendant les dix années de participation à la Compagnie Lubat, de partager la scène avec des grands musiciens qui m’ont encouragé, ne serait-ce que par leur présence et leur manière d’appréhender la musique, à travailler et à réfléchir intensément : Bernard Lubat, en premier lieu, et aussi André Minvielle, François Corneloup, Marc Perrone, François Rossé, Louis Sclavis, Michel Portal, Benat Achiary, Jacques Di Donato et bien d’autres encore…
9/ Quels sont tes projets à court et moyen terme ?
Premièrement, et malgré les difficultés de cette grave crise sanitaire, on va essayer, avec mon agent, Marion Nicolas(8), de faire tourner les projets actuels : le quatuor Bartók en Périgord, que j’ai créé, en 2017, avec Ophélie Renard (alto), Sylvain Meillan (violoncelle) et Bruno Laurent (contrebasse) autour des musiques traditionnelles du Périgord ; nous avons, avec ce quatuor, une formule avec le saxophoniste François Corneloup, en soliste invité.
J’aimerais aussi que le trio Tokyo sur Dordogne, que j’évoquais plus haut, puisse avoir une visibilité plus importante, ainsi que le quatuor Entre deux cieux, avec Erwan Hamon (bombarde), Wenceslas Hervieux (orgue), Emmanuel Filet (orgue) et moi-même au fifre… En 2019, j’ai présenté, pour la première fois de ma carrière, lors du Festival d’Uzeste, un solo dans lequel je joue du piano, instrument qui m’a été interdit d’apprendre au Conservatoire de Bergerac car j’étais, selon la prof de piano de l’époque, trop vieux pour débuter, j’avais…quinze ans !! Ce solo, qui s’intitule Du souffle au marteau, s’appuie sur des poèmes d’André Benedetto (1934-2009), directeur du Théâtre des Carmes, à Avignon, et fondateur du Festival Off de cette même ville. Je devais présenter ce spectacle, lors du Festival d’Avignon, en 2020, dans son théâtre, aujourd’hui dirigé par son fils Sébastien, mais, comme chacun le sait, le festival, comme de nombreux autres, a été annulé à cause de la pandémie du Covid-19…
Deuxièmement, suite à un rêve prémonitoire, j’ai commencé à apprendre l’orgue depuis l’année dernière, et je prépare un récital solo, pour mars 2021, dans lequel je jouerai, notamment, certaines pièces avec le fifre, en m’accompagnant à l’orgue, avec les pieds.
Sans le savoir, je renoue avec une pratique musicale qui se faisait à l’époque baroque, notamment, les violonistes qui jouaient seuls, en s’accompagnant eux-mêmes, avec le pédalier de l’orgue. J’ai appris cette histoire récemment de la violoniste baroque, Emmanuelle Dauvin(9), qui développe un projet de ce type fort passionnant.
Et, pour terminer, il y a un projet autour du fifre qui se dessine vers le Sud de la France; il se trouve qu’à l’issue de l’interview de Damien Fadat(10) pour « le feuilleton du fifre », ce dernier m’a demandé si ça me dirait qu’on se rencontre un jour pour improviser tous les deux. J’ai répondu par l’affirmative et je lui ai dit, qu’il y a quelques années, Benjamin Mélia(11) m’avait confié qu’il aimerait monter un projet autour du fifre avec plusieurs fifraires, à l’instar du projet qu’il avait monté autour du galoubet. Du coup, nous avons connecté nos envies, et nos passions, et on est en train de réfléchir à l’élaboration de ce nouveau projet qui m’exalte déjà, car ce sont deux super musiciens dont j’apprécie beaucoup la démarche artistique.
(1) https://www.vieussens-peintre.com/
(2) https://latraversiere.fr/webzine/dossiers/le-feuilleton-du-fifre-entretien-avec-alain-cadeillan/
(5) https://insoliste.wixsite.com/sylvainroux
(6) https://latraversiere.fr/webzine/dossiers/le-feuilleton-du-fifre-entretien-avec-sarah-van-cornewal/
(7) https://latraversiere.fr/webzine/dossiers/le-feuilleton-du-fifre-entretien-avec-hubert-guicheney/
(8) http://agencemarionnicolas.com/
(9) https://www.emmanuelledauvin.com/
(10) https://latraversiere.fr/webzine/dossiers/le-feuilleton-du-fifre-entretien-avec-damien-fadat/
(11) https://latraversiere.fr/webzine/dossiers/le-feuilleton-du-fifre-entretien-avec-benjamin-melia/
Sylvain Roux
Sa participation à la Compagnie Bernard Lubat, de 1990 à 2000, lui permet de côtoyer sur scène François Corneloup, André Minvielle, Benat Achiary, Marc Perrone, Jacques Di Donato, Louis Sclavis, Michel Portal…
Dans les années 1980-2000, il joue aussi avec Christian Vieussens, Alain Cadeillan, Michel Macias, Xavier Vidal, Alain Bruel, Francis Mounier, Jérôme Martin…
Afin d’explorer de nouvelles pistes artistiques, il crée, en 2004, la Compagnie Au pas du bœuf, qui lui permet de naviguer entre musiques traditionnelles, électro-acoustiques, contemporaines et improvisées ce qui l’amène à jouer, notamment, avec les musiciennes japonaises, Mieko Miyazaki et Fumie Hihara, le pianiste et compositeur François Rossé ou le musicien-informaticien de l’Ircam, Benjamin Lévy.
Titulaire du Diplôme d’Etat en musique traditionnelle, il est professeur au Conservatoire Municipal de Musique de Périgueux où il enseigne les musiques traditionnelles et improvisées ; il se spécialise aussi dans le Soundpainting avec Walter Thompson, François Jeanneau et Etienne Rolin.
En 2014, en collaboration avec la vidéaste Virginie Gouband, il réalise un film, « Camin de lenga », autour de la langue occitane.
Pianiste autodidacte, il décide, en 2019, suite à un rêve prémonitoire, d’apprendre à jouer de l’orgue pour ses 60 ans.
Depuis 2006, il est également directeur artistique de L’insoliste.
Site : https://insoliste.wixsite.com/sylvainroux