Le feuilleton du fifre – Présentation

mercredi 22 août 2018 | Non classé

Petit instrument de musique à vent,  appartenant à la famille des bois, le fifre est fabriqué en ébène, buis, canne de Provence etc. et même, aujourd’hui, en PVC. L’histoire nous révèle que le fifre a été introduit, en France, à la fin du XV ème siècle, par les mercenaires suisses venus s’enrôler dans les armées françaises. C’est François 1erqui créera la charge officielle de « fifre du roi ».  On retrouve le fifre militaire jusque sous Napoléon III et il est encore joué, actuellement, dans les régiments de la Légion Étrangère. Mais cet instrument, au son perçant et audible à plusieurs kilomètres, a aussi, entre autre, une longue histoire dans la musique populaire et traditionnelle en Gascogne, Languedoc, Provence, ou, à Dunkerque, pour animer le célèbre carnaval. Le fifre est également présent dans de nombreux pays du globe.

Personnellement, je suis devenu joueur de fifre par un concours de circonstances :

En 1981, j’ai été incorporé, en tant que flûtiste, dans la Musique Divisionnaire du 602èmeRégiment de Circulation Routière, à Dijon, pour effectuer mon service national.
Avant d’entrer dans la vie militaire, je jouais de la flûte traversière mais, pour interpréter certains répertoires, lors des diverses prestations militaires, ou civiles, le chef de musique m’a demandé d’apprendre à jouer du piccolo.
J’ai rapidement apprécié le son aigu et virevoltant de ce petit instrument et, lorsque j’ai été libéré de mes obligations militaires, un ami, Michel « Coco » Le Meur, m’a dit : « si tu sais jouer du piccolo, tu sais jouer du fifre ! ». Ce qui fut dit fut fait !

De fil en aiguille, j’ai rencontré, en 1984, Christian Vieussens et Alain Cadeillan, dit Kachtoun, qui m’ont transmis généreusement toutes leurs connaissances sur le sujet.
Spéciale dédicace à ces trois amis de longue date avec qui j’ai partagé plusieurs années de musique.
A ce propos, je n’oublie pas Thierry Boisvert (aujourd’hui décédé) qui m’a ouvert les portes de la musique traditionnelle en Périgord, au tout début des années 1980, ainsi que Philippe Fournier et Jean-Claude Pouyadou (également décédé) avec qui j’ai joué à cette époque épique.

Ensuite, le fifre m’a amené à Uzeste, en 1990, chez Bernard Lubat, avec qui j’ai appris à improviser, pendant les dix ans, que j’ai passés  au sein de sa Compagnie et qui m’a permis de côtoyer, sur scène, de grands artistes comme André Minvielle, François Corneloup, Benat Achiary, Marc Perrone, Louis Sclavis, Jacques Di Donato, Michel Portal et bien d’autres.
Grand merci à lui pour ses précieux conseils que je continue à suivre consciencieusement, encore aujourd’hui, au quotidien.

Dans cette préhistoire fifristique, je n’omettrais pas de citer Jérôme Martin, mon complice clown-tambour pendant dix ans de « Conférance » burlesque à travers toute la France, et même à l’étranger ! Sans oublier les célèbres Guides, mis en scène par Gilles Defacque, clown-directeur du Prato, théâtre international de quartier à Lille.
J’aurais aussi une pensée émue pour la rencontre cuivrée Gascogne-Bretagne, au sein de L’Occidentale de Fanfare, créée par Francis Mounier, en 1997.
Enfin, je rajouterais un petit salut amical pour mes compagnons des ripataoulères du sud-Gironde, les Fifres et Tambours de Gans et les Sous-Fifres de Saint-Pierre d’Aurillac, qui me font confiance depuis plusieurs années ainsi que les nombreux musiciens, comme Michel Macias, Xavier Vidal ou Alain Bruel, avec qui j’ai partagé la scène et qui ont nourri ma réflexion, sans ignorer les fidèles organisateurs de concerts qui m’ont permis de développer patiemment ma pratique artistique.

En 2014, j’ai fêté mes trente ans de fifre et j’ai profité de cette  occasion pour composer un nouveau répertoire, Danse si tu veux, qui est téléchargeable gratuitement ici : http://insoliste.wixsite.com/sylvainroux/composition. Ce répertoire a permis aussi la création d’un trio avec Francis Mounier (sax baryton, arrangements) et Pierre Thibaud (batterie, tambour) : https://youtu.be/0rl7JTJU8E8

Aujourd’hui, grâce à l’accompagnement de l’Agence Artistique Marion Nicolas, basée à Avignon, l’aventure continue au sein de L’insoliste et de la Compagnie Au pas du bœuf que j’ai créée en 2004 ; le fifre me transporte vers de nouveaux territoires sonores avec des partenaires issus de cultures et de formations différentes : Tokyo sur Dordogne, rencontre Japon / Occitanie ( https://youtu.be/Ln5qd9-sHUY), Entre deux cieux, rencontre Bretagne / Occitanie ( https://youtu.be/48MU8wLdUxg) et Bartók en Périgord, musique de chambre traditionnelle ( https://youtu.be/1KMTqmOB2yE).

Dans les prochains épisodes de ce feuilleton du fifre, je donnerai la parole à des musiciens, des chercheurs, des luthiers etc. afin de montrer la richesse et la variété de cette histoire musicale multiséculaire.

Sylvain Roux
Article proposé par Sylvain ROUX

Flûtiste de formation, Sylvain Roux pratique les musiques médiévale, Renaissance, baroque et classique de 1970 à 1980.
Titulaire du Diplôme d’Etat en musique traditionnelle, il est professeur au Conservatoire Municipal de Musique de Périgueux où il enseigne les musiques traditionnelles et improvisées ; il se spécialise aussi dans le Soundpainting avec Walter Thompson, François Jeanneau et Etienne Rolin. Il est également directeur artistique de L’insoliste, lieu de formation, de recherche et de diffusion autour des musiques traditionnelles et improvisées qu’il crée, en 2006, en Dordogne.

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